Kwotofzewik le jeune huron cite :

Genius goes around the world in its youth incessantly apologizing for having large feet. What wonder that later in life it should be inclined to raise those feet too swiftly to fools and bores.



F. Scott Fitzgerald






2.1.11

Annabelle et Nicolas

Il la regarda avec cet air courtois typique du
poireau fraichement dégorgé, et dit:
"Je voudrais bien, mais je n'ai pas les moyens de me payer
du bon temps. Je suis heureux d'être avec toi."

La lumière du petit jour soufflait dans leurs cheveux. Les murs étaient blanc.

Elle sourit et mit ses mains devant sa figure.

19.12.10

e se réveillant sur le parquet, le type au costume évoquant à la fois sal paradise et frodo baggins retrouva ses lunettes qu'un type avait cassées pendant la nuit. et il dit. je me trouve beau sans lunettes. quand l'australienne entra dans la pièce, elle voulu savoir si c'état lui le poète. et il dit. je crois bien. et puis il se mit àrire bêtement en regardant la batterie sur laquelle reposait une bière encore à moitié pleine.

23.11.10

note de service. temporairement hors d'usage

un ami me parlait des écrivains. il disait que la seule chose qu'il fallait pour être écrivain, c'était de la frustration. mon excuse la plus fréquente pour justifier la mienne, c'était "le contexte". ça ne veut absolument rien dire. c'était une façon commode de justifier les kilomètres de télégrammes dans ma tête en direct de mon coeur. les milliers de questions et de spasmes. le regard éteint et l'envie brûlante d'écraser dans mes doigts tout ce qui était beau, tout ce qui était laid, tout ce qui refusait de me frôler. c'était une façon commode de justifier mes échecs par ma paresse, comme si ma paresse avait besoin d'un coupable et d'un bourreau. encore moins d'un juge. à l'aube du premier jour de quelque chose de nouveau, j'ai pendu le juge et j'ai salué son travail en levant mon verre. quelqu'un l'avait rempli d'alcool et s'il faut des précisions, je les ignore. trop saoul et trop vivant à ce moment déjà pour considérer des détails de ce genre. tout le monde était magnifique et grandiose. si un incendie s'était déclaré, nous n'aurions jamais quitté les lieux. ce n'était que de la Joie et de la Fête. En aucun cas pas été un drame, mais la célébration de notre sang. Mon adoubement par l'univers. Il a prit la forme d'une danse. D'une fuite, aussi, mais il était évident que l'on viendrait me sauver. Cérémonie du Génial. De l'Incroyable. La minute qui justifie tout le reste,  c'est celle que je n'espère plus, ce n'est que celle que j'attends. Car elle viendra, comme elle est déjà venue. Elle ne fait que ça. Si vous saviez à quel point tout peut être clair et simple. La dernière fois qu'il a fait nuit, on a sauvé ma vie. Littéralement. Au départ ce n'était qu'un bruit qui grandissait dans la rue, une pulsation maniaque prophétique de mon avenir. Et le ciel est tombé. Littéralement. Et si c'était Dieu ou autre chose, si ce n'était que l'aboutissement de quelque chose de déjà lointain, ou quoi que ce soit, c'était suffisant pour me faire sourire. A jamais.

(...)

Paris dort, tranquille. Hier, je me tenais debout sur un échiquier, je dansais. Mon ami passait des disques, et encore d'autres disques. Je suis seul sur la piste et je ressemblais à un oiseau blessé, mais ce n'était qu'une impression. Si je paraissais faible, ce n'était pas l'agonie, c'était ma maladresse. Si je ne suis pas parfait, je peux être touchant. Et si je ne suis pas légendaire, je suis tout de même incroyable.
Je n'ai plus besoin d'écrire désormais. La cigarette qui fume encore sur le rebord emporte avec elle les chapitres sans intérêts que j'aurais oublié de toute façon.


Dites vous bien que je vous aime.

6.11.10

baloo

il va sérieusement falloir commencer à penser à ne pas caser le mot "fille" à chacune des phrases que j'écris. l'égocentrisme frustré a fait son temps. ou pas tout à fait encore. quoiqu'il en soit, ça devient même déplaisant de me plaindre.
sinon, tout va bien, je joue aux petits chevaux ce soir et après j'irai boire des bières en ville.

19.10.10

parking lot.

le dimanche, les choses sont plus claires. parfois il est possible de se contenter d'être là. d'apprécier ce qui est. se satisfaire d'un constat que l'on ne jugera pas. l'effroi glacé ne glissera plus le long de la colonne vertébrale. rester immobile, encore, mais pour de bonnes raisons. se contenter d'être là.

j'essaye de me poser les bonnes questions, pour le simple plaisir d'apposer des réponses que je connais déjà. ça flatte l'égo de se croire lucide et clairvoyant. ça aide à tenir le choc. le tremblement de terre. être là immobile au dernier niveau d'un parking d'hypermarché, désert. slalomer en vélo entre les abris à charriots et les lampadaires majestueux. le seul moment où la solitude est agréable. apercevoir les voitures qui s'engagent sur l'autoroute, derrière le pont, derrière les panneaux de publicités, derrière derrière derrière. des voitures il y en a peu. le vent a droit de parole. le frisson ne vient plus du vide intérieur, c'est juste l'automne qui murmure son arrivée et qui te réconforte. l'automne dit "tu es vivant, tu sens?" "tu as froid, c'est bon signe, ouvre cette bière que ta pudeur cache dans ton manteau et célébrez ça ensemble. c'est toi le roi". j'ai répondu à l'automne "je t'aime". j'avais envie de pleurer. petit garçon sage. idiot. possédé, ou désirant l'être, ça revient au même en fait. j'ai cru comprendre qu'ici, être n'était ni suffisant, ni nécessaire. on peut se contenter de paraître sublime pour le devenir. c'est ce que j'ai deviné quand le type a démarré en trombe au feu, vendredi dernier, dans sa belle voiture rouge, puissante, celle qui va plus vite que les autres. quand cette fille laissait sa jupe danser dans le vent, rue piétonne, fin d'après midi, belle et prétentieuse. appartenir à quelque chose, si ce n'est pas une question de courage, à quoi ça tient?

je me tenais contre la barrière, contractant les muscles de mon ventre contre elle, légèrement penché, totalement confiant dans le travail de l'architecte et des ouvriers qui firent émerger cette horeur du sol. "si ça lache, j'aurais eu raison de douter de tout". "il n'y a pas de raisons que ça lache". "si ça tient, j'essayerais de prendre plaisir à cracher, et à regarder tomber mon molard quatre étages plus bas, il s'écrasera sur la seule voiture présente, sur le goudron, sur un prospectus qui glisse depuis des heures sur le parking, peut-être mon molard suffira à le stopper. pan, t'es mort". et c'est le monde que j'assassine.

des types avec des guitares il y a des années ont joué une chanson devant des centaines de personnes. ça a été enregistré. ça c'est retrouvé sur des disques et un jourc'est parvenu jusqu'à moi. en ce moment-même, ça coule dans mes oreilles et ça me remplit tout entier. là. ici et maintenant. ça me fait du bien. mais les paroles, je ne me retrouve pas dedans. pourtant, j'aime bien être la voix du chanteur, et la musique, ce sont mes bras devenus des serpents, je deviens un dieu oriental quand j'écoute de la musique. mais là... ça fait trop longtemps que les "you" et les "me" des chansons ne se rapportent plus à rien. avant, ça donnait quelque chose comme "cette chanson est pour toi et voilà ce que je voulais te dire, voilà ce que je partage avec toi". désormais, je reste silencieux et j'imagine. j'écris des nouvelles avec des types qui me ressemblent, d'autres qui seraient mes amis, et des filles qu'on pourrait aimer si elles existaient. j'invente un quotidien qui n'arrivera jamais parce que c'est la seule façon que j'ai trouvé pour ne pas devenir fou. Swallowtail recommence. je fais du vélo, je bois une bière, je pleure. petit garçon sage. idiot. possédé.

*

demain, j'écrirais quelque chose de joyeux, parce que la joie est encore là à rôder quelque part. je ne suis pas triste à mourir. juste très chiant à ne faire que me plaindre. demain, je te ferais rire, et tu te diras "eh, ce type est incroyable".

*

The Brian Jonestown Massacre - Swallowtail (live)