Kwotofzewik le jeune huron cite :

Genius goes around the world in its youth incessantly apologizing for having large feet. What wonder that later in life it should be inclined to raise those feet too swiftly to fools and bores.



F. Scott Fitzgerald






18.9.10

douche / véranda.

nous atteindrons les rives, et nous fermerons enfin nos esprits, qu'ils se reposent.
nous aurons jetés des kilomètres de lettres à la mer, des milliers de chansons perdues dans le siphon de la douche. genre, tu te réveilles un matin l'âme en vrac, et le dernier morceau que tu as écouté te reviens en tête, prêt à te pourrir la journée, mais tu l'exorcises par l'eau, celle qui s'abat sur tes épaules, celle qui te rapetisse toujours plus, qui te rappelle que tu ne dois pas être fier, qui te glisse avec tendresse que tu n'es qu'un type parmi les autres, mais un type qui flipe devant eux, justement.
un moins que rien.

tu clignes des yeux et tu te sens faible, à deux doigts de partir, de laisser ta chambre en plan chez ta mère qui t'aime tant.
tu penses que le monde est juste, et tu sais que tu as tort, mais la ferveur de ton espoir est aussi belle que ta détermination à creuser jusqu'au coeur du monde.
alors là tu pourras te contenter de respirer.

***

le téléphone a sonné c'était mon bel ami à la peau brune
je sentais la couleur de sa peau malgré les centaines de kilomètres -et ça c'est pas de la poésie c'est vrai-
et il y avait sa belle voix grave et le spectre de sa mère il y avait mon voisin le vieux con qui grattait quelque chose dans le jardin
sous la véranda je me suis servi un verre de rhum et c'est avec une quasi fierté que j'ai réalisé que j'étais moins sévère qu'avant : j'y ai mis du jus d'orange
il était seulement quinze heures -un gentleman en complet croisé aurait pu surgir et me dire, fils, pas au milieu de la journée (comme si l'alcool devait se cacher du soleil / comme si la morale pardonnait tout une fois la nuit venue / c'est la preuve que l'élégance n'est qu'une mystification et tout le monde sait ce que je pense de l'élégance / frustration)-
pendant que mon bel ami à la peau brune me parlait de notre rôle quelque part sur terre et des conséquences desquelles nous sommes responsables j'ai commencé à me sentir bien
pas heureux
juste bien
un peu apaisé et tout
alors j'ai saisi la bouteille et j'ai laissé le liquide glisser le long de mes lèvres le long de ma langue tout au fond de ma gorge et la toux est arrivée et j'ai ri

il fait encore beau presque chaud je ne porte pas de t-shirt
mon bel ami à la peau brune a raccroché et je l'ai béni et du fond de nos coeurs -je le sais- nous nous sommes souhaités tranquillité et longue vie
nous nous sommes souhaités de trouver cette fille qui sera notre amante et notre amie et notre amoureuse et notre seconde mère
tout ça sans un mot
tout ça sans y penser
parce que c'est comme ça qu'on agit quand deux bonhommes s'aiment
malgré nos coups de dents dans nos égos et malgré nos affrontements et malgré nos vicissitudes
torse nu donc j'ai roulé une autre cigarette en essayant de me persuader qu'il existait quelque part dans ma tête ou dans mon âme un endroit qui ressemblerait à une terre vierge un genre d'arizona d'il y a mille ans et qu'au milieu de cette plaine il y avait un totem autour duquel tourner comme on tourne autour d’un stupa –j’ai déjà fait ça dans ma vie et il s’est passé quelque chose- et une fois que j’aurais fait ça suffisamment longtemps je trouverai le repos je pourrais soulager mes épaules d’un fardeau trop lourd pour elles je pourrais commencer à m’occuper de moi et prendre des douches sans avoir l’impression de fondre sans avoir l’impression de tomber et de glisser et de disparaître dans le siphon pour toujours

il fait encore beau presque chaud c’est la fin de l’été mon bel ami à la peau brune est retourné à ses occupations je me sens bien et je le mérite.

Taxi Driver.


The days go on and on... they don't end. All my life needed was a sense of someplace to go. I don't believe that one should devote his life to morbid self-attention, I believe that one should become a person like other people.



16.9.10

birth place is a dead place.

je n'avais pas envie de rentrer chez moi ce soir là. je venais de boire deux bières dans un bar à la con, typique angers, avec un ami qui a refait surface. me confier et constater avec lui à quel point j'avais changé depuis l'époque où nous nous sommes rencontrés fut comme un plaisir malsain à mes yeux. nos discussions n'ont pas perdu en intérêt, depuis le temps, et se sont même améliorées je crois. j'ai plus de conversation, je sais et j'affirme d'avantage de choses, je suis un oiseau bavard qui assume ses croassements. j'avais envie de m'ennivrer, ça faisait vraiment longtemps. abandonner l'alcool a été une des choses les plus positives de cet été, un divorce agréable. le cotoyer à nouveau n'est plus si douloureux, si destructeur. j'avais envie de retrouver ce sentiment qui m'habite quand j'erre seul, état second, dans la rue. après tout, personne n'oublie ses premières amours, enfin je crois.
après l'avoir raccompagné chez lui, glissant le long des immeubles sur mon vélo, j'ai redécouvert la joie d'un trajet sans destination. comme d'habitude, les rares personnes croisées sont bêtes, conformes à ce qu'on attend d'elles, cherchant en vain à atteindre le rang d'hipster, mégalos dans leur jeu de miroir. sans surprise, quelques insultes, des phrases mal foutues, des rires de moqueries. sans surprise mon regard morne et froid, légèrement honteux sans trop savoir pourquoi, cachait un mépris désintéressé et silencieux. je ne me ferais jamais à ces cons.

*

plus tard, je me suis retrouvé sur le boulevard bédier, au sud de la ville, à un bon quart d'heure du centre. je faisais face à cet affreux immeuble bleu haut de cinq étages, une barre construite au milieu du vingtième siècle et destinée aux classes populaires. ça suinte le silence et le manque d'enthousiasme. le vide du quotidien pèse lourd. c'est ici que je suis né. c'est ici que mes parents ont vécu leur amour et leur indépendance. c'était il y a longtemps. c'était avant moi, avant la réalité.
quand j'ai commencé à grandir et qu'ils disposaient de plus de moyens, ils ont loué une maison un peu plus loin. les parents de mon père ont pu retourner dans cet appartement qu'ils ne quitteront que parce qu'il faut bien tout quitter un jour.
cet appartement, c'est celui dans lequel je m'apprête à vivre depuis plusieurs semaines, vidant lentement ces vingt-cinq ans de vie tranquille. je n'en vois pas la fin. vivre dans ce sanctuaire inviolé depuis leur décès me trouble énormément. alors je fais des cartons, je fais des cartons, je fais des cartons. je ne sais pas quoi mettre dans ces cartons, je ne sais pas quoi mettre à la poubelle. ces choses, elles ne valent rien et elles valent tout. que vais-je faire de cette vaisselle en porcelaine, de ces souvenirs de voyage, de cette armoire pleine de recettes de cuisine et de patrons de couture. des milliers de factures, des milliers de choses essentielles et inutiles. j'ai peur de jeter, j'hésite à conserver, doutant vraiment de leur utilité à l'avenir. et chaque meuble en bois, vieux de plusieurs fois mon âge, massifs, presque nobles, je ne peux pas les soulever seul. quand je les ouvre, c'est pour trouver d'autres milliers de verres, de livres, de trucs. je vais vivre ici et ce sera un sanctuaire. je vais vivre ici et ce sera une trahison. je vais vivre ici et trouver le juste milieu me semble impossible. cet endroit a encore l'odeur de leur berger allemand, il y a encore des poils sur la moquette. il y a encore des boîtes de conserves et des programmes de télévision. je me sens comme un cambrioleur pendant les grandes vacances. cet appartement attend le retour de ma famille. déjà deux ans que la poussière et le silence sont les seules maîtresses de maison. mamie ne cuisinera plus jamais de poisson et de pommes de terre à la vapeur. elle préparait des melons ou des pamplemousses pour l'entrée. au dessert, il y avait toujours des framboises, des fraises et des yaourts blancs. je ne m'en souviens pas, je m'en souviens trop.
c'était il y a longtemps et je me mets à pleurer alors qu'une camionette passe, que deux types louches me dévisagent. pour ne pas trop perdre la face -orgueil!-. je sors les clés de ma poche l'air de rien et descend le vélo à la cave. il est une heure du matin. je ne sais pas pourquoi mais je sens le besoin d'aller à l'intérieur.

14.9.10

how to get laid without having to get drunk.

pendant qu'ils parlent et bougent comme des cafards, moi je prends le temps d'imaginer la scène si j'étais fred astaire, ou clark gable, j'en sais trop rien, avec des claquettes et un parquet vermoulu et le bruit de leurs antennes qui frétillent une dernière fois pendant que je les écrase, comme s'il disait "hey, hey, j'étais là, ne m'oubliez pas, continuez votre danse pendant que le grand géant plein d'élégance se prend pour dieu, ne m'oubliez pas, il finira bien par glisser et alors nous aurons notre revanche". mais cela ne se passe jamais comme ça. à la place je regarde les cafards dans le miroir et je tombe sur mon propre reflet de cafard qui ne prend même plus la peine de participer à la parade des morpions. fred astaire avait tout de dieu mais l'entertainment à fait du paradis un genre d'appât, ou un genre de compassion, ou un genre de frustration je ne sais pas très bien. j'aimerai être ivre pour pouvoir justifier mon manque total de réflexion pertinente et libérer ces grands mots appris à l'école et pointer du doigt le miroir en les récitant, mais il n'est que onze heure du matin, et s'ennivrer si tôt serait une erreur, un manque de classe incroyable ne pensez-vous pas? il doit bien y avoir quelque chose de mieux à faire.

alors je regarde mon curriculum vitae et être torché serait ici un bonheur, il paraîtrait deux fois plus fourni, il aurait des couilles, et je le brandirai avec fierté comme si c'était la constitution des états-unis du whatever. en réalité, je suis seulement myope, et je ne sais pas où sont mes lunettes, ça suffit pour l'instant à tromper la réalité. le travail attendra. (myope et saoul, ça ferait presque fois quatre, alors je m'autoproclamerais stakhanoviste à la petite semaine, plein d'ambition et de références, des talents à ne savoir qu'en faire, et je pourrais prétendre à un haut salaire pour pouvoir aller au cinéma et sortir de jolies filles en jolies robes dans des bars chics et branchés, et quand elles fouilleraientt dans leur sac à main pour en sortir sortir les clés de leur appartement, je dirais au chauffeur de garder la monnaie, je saurais déjà comment tout cela va se terminer et au petit matin, satisfait de moi-même et de cet échange tacite qui fût le notre, je retournerais à la salle de gym pour apporter un peu plus de matière au culte que je vouerais à moi-même, faisant de ma propre personne l'image que je lui prête, un manifeste de la réussite et de la cruauté vide).

en réalité, je ne suis pas fred astaire, ou grace kelly, j'en sais trop rien, je ne suis pas performant, je suis juste le dilettante le plus égocentrique qui soit et qui attend toujours de se faire baiser par une belle fille (qui fera naturellement  semblant de croire un peu en moi avant de retourner à ses occupations). ça me serait utile pour écrire des trucs de romantique dépressif, et aussi pour blaguer avec les copains, comme si j'étais ce grand séducteur qu'ils pensent tous que je suis.

(V.J)

Sous le signe du V (cliquez sur le titre pour la vidéo)


Fuzati c'est mon ami, mon héros, mon sauveur.
Fuzati n'a rien à voir avec Titi et Grominet ; il a envahi ma montagne sacrée, mon jardin secret, mon vagin de sa verge et de sa verve implacable.
Fuzati porte des chemises roses et
Fuzati ose rater sa vie et c'est plutôt bien, quand on y pense.
Fuzati n'aime rien ni personne sauf moi ; il est sexy quand il se brosse les dents.
Fuzati parle de putes pour faire le buzz ; il vit dans une cave ; il se défonce en fonçant droit dans l'mur.
Fuzati, ô Fuzati
c'est l'amour inutile de ma vie, la pose et l'argent qui pourri la révolte.
Alors Fuzati s'adapte.
Alors Fuzati se frappe le masque et révise ses cours de fac entre deux séances impro ghetto-blaster.
Entre deux gâteaux d'anniversaire.
Entre deux gâteux promenant leur chien qui tire sur la laisse parce que sa liberté l'appelle. Et qu'il a terriblement envie de pisser.
Fuzati ne veut pas mourir: il veut être tué.
Voilà la différence.
Et s'il force sur l'alcool c'est pour ne pas se forcer à boire les paroles des autres, écouter, compatir, se sentir un être bon et vain comme Aristote.
Et le vin coule dans mes artère.
Fuzati se glisse et se love dans ma tétère, mon cou, je me touche en l'imaginant vomir après minuit.
Sous la lumière d'un néon qui grésille.
Ou dans quelques chiottes à la lunette baissée, avec l'odeur des petites pastilles bleues qui essaient de sentir le propre.
Fuzati est un professionnel de la loose.
Se lave-t-il tous les jours? Pense-til au Tibet, à l'Amérique du Sud? A la France?
Non. Il pense d'abord aux femmes, à moi, et à ma chatte rasée de près.
Fuzati est tellement ridicule qu'il en devient beau.
Et moi, Héléna Lizaré, je l'écoute déblatérer avec son flow minable et marrant comme un oiseau mort sur la chaussée.
Et ça me fait du bien.
Je phantasme sur le pire des égoïste.
Voilà.
Les plus grands philanthropes sont également les meilleurs ennemis de l'humanité.

Nounours

Il y a ce petit nounours marron et blanc qui n'a pas de nom et qui trône, fier, tel un phare de poche, au milieu des grandes ruinasses de ma petite piaule. Il porte une petite écharpe. Il est posé sur une boîte de thé vert vide, entre un pot de café vide, une bière vide, des paquets de tabac vides, un briquet vide et une page blanche.
Nounours n'a pas de nom mais il rempli l'espace, un peu. Et ça me suffit.

13.9.10

don't believe him when he's sober.



je m'appelle val jester et je commence une sorte de vraie-fausse correspondance avec johnny le chien et héléna lizaré. d'accord, on est sur internet, tout ça, et j'ignore complètement comment signifier l'ironie ou l'humour ou un genre de naïveté tendre, sans son et sans visage. on ressemble un peu à une famille de dessin-animé en fait. je crois. héléna lizaré, je crois aussi que c'est la soeur cachée de jordan baker, et si elles étaient les deux faces d'une pièce, c'est le genre de pièce que je jetterais dans une fontaine, avec des voeux d'amour, les yeux fermés et toute la panoplie. johnny le chien est johnny le chien, j'hésite encore entre un peau-rouge et un bandit italien, ou alors c'est alain delon qui se prend pour un punk lisant du shakespeare.
c'est le bourbier. on patauge dans l'indifférence. dans le trop-plein de signes.

*

j'ai trainé mes bottes dans un millier de fêtes et dans un millier de bars et je peux te dire que je ne suis pas plus avancé dans ma tentative de description des choses (y'a des moments où je me prends pour proust et juste après je ris d'avoir cru y parvenir), que ce soit dans nos rapports en général ou la séduction et la confrontation en particulier, qu'au début du jeu. j'y ai passé tellement d'heures à observer, et parfois, téméraire comme un plongeur au bord d'une falaise, je me ruais vers la cible, mais je finissais toujours dépité, ou absolument froid et blasé, perturbé par le virage que prennent les choses, fouillant dans ma poche pour retrouver cette pièce avec laquelle jouer à pile ou face et retourner ainsi dans la contemplation toute relative de la situation. j'en ai laissé des heures derrière moi et c'était déjà la même chose il y a quinze ans, en dépit du fait qu'à l'époque, mes préoccupations étaient moins rudes et moins profondes. c'était devant une borne de jeux vidéos dans une baraque au bord de la mer que je restais là à m'imaginer que je contrôlais ce personnage que je regardais, je faisais simplement semblant de jouer, envieux,  sachant pertinemment qu'il n'y avait rien dans ma poche pour changer le cours des choses, rien à glisser dans la fente métallique qui me permettrait de m'évader quelques instants. juste faire enfin disparaître l'affreux "insert coin" qui clignote, que j'essaye d'oublierdepuis le début. les choses sont finalement restées les mêmes, et je regarde les valses avec autant d'envie que toi quand tu tombes sur cette voiture/robe/film/vinyle/pairede chaussure/sacàmain/pokemon/barbie/hamburger/télévision/livre/papillon/timbre/tu sais de quoi je parle.
je serais un si bon danseur les yeux fermés ou plongés dans les tiens encore faudrait-il que je m'approche un peu...que j'ose te demander... alors pour ne pas montrer ma peine, jouant avec les masques des conventions, dans mon costume, je traverse la pièce et me dirige vers la cuisine, vers le réfrigérateur, vers le bac à légumes, vers la dernière bière, et je me retourne en me disant que cela soulagera la lourde impression d'absurdité et de vanité qui flotte dans cette pièce.

*

alors que certains se complaisent à citer cioran pour ne pas avoir à émettre de jugement sur eux-mêmes, je pourrais passer la nuit à te citer des extraits de fitzgerald, en lissant ma moustache et en t'enseignant les bonnes manières.


"personality is an unbroken series of successful gestures."



(V.J)

Au supermarché du coin

L'autre jour, au supermarché du coin, j'ai croisé une grosse vilaine qui achetait deux barquettes de fraises.
Je sais pas pourquoi mais ça m'a ému.
Je me suis dit: Soeur, tu as l'élégance du renard ; tu t'avances vers la caisse avec cet air des gens qui n'ont pas grand chose pour séduire donc
rien à prouver.
Je me suis dit: Tu me fais penser à ces jeunes qui vivent seuls avec leur chien, et qui s'octroient ainsi le luxe de se taire lorsqu'ils n'ont rien à dire d'intéressant. Qui ne cherchent pas à éblouir. Qui s'enveloppent dans un silence plein d'intentions et d'attentions.
Taiseux, certes, mais expressifs.
Et mille fois plus intéressants que tous ces connards qui me prennent pour Marla Singer. Ou pour Alison Mosshart. Ou pour une mère tirée d'un film à grand succès.

Moi c'était de la bière que j'achetais ; ziup, je les enfilais dans mon sac avec la soif qui me titillait déjà. Je manquais de classe, assurément. La caissière avait une main atrophiée. Un type me matait, je le sentais, son regard poisseux glissant du cou au cul, et, sans doute, imaginant les recoins les plus intimes de mon anatomie. Le Graal entre deux tranches de jambons. Une jolie chatte enfermée dans une cage en tissu.
Et qu'on arrache comme un papier d'emballage.

Allez mon boy! Vas-y! Plonge ta main dans mon soutif! Tu trouveras le code-barre juste au dessous mon sein gauche! Pose-moi sur le tapis roulant, parmi les boîtes de maïs et les tubes de dentifrice! Attends que ça fasse "bip" et ça y est: je suis à toi!
Toute à toi qui filme déjà ton propre sexe en rotant que tu m'aimes d'un amour vrai, d'un amour fort et pur comme un coeur de batavia.
Bullshit!
L'alcool ça crée des cirrhoses mais, surtout, ça diminue l'amour-propre ; et tu te retrouves à baiser sans savoir ni pourquoi ni comment c'est arrivé. Haleine de chien contre haleine de chien. Sueur contre sueur. Et tu te mets à rêver à l'odeur des fraises, à la fraîcheur de leur chair ; tu voudrais être aussi belle qu'une grosse moche qui mange ses fruits en solitaire, se barbouillant le pourtour des lèvres d'un rouge sucré.
Loin des hommes.
A l'abri.
Dans une cave ou au dernier étage d'un vieil immeuble.
Mais voilà... Tu es aussi moche qu'une belle fille qui profite de son corps tant qu'il en est encore temps. Avant la fin du règne. Avant la date de péremption.

(Et alors j'irai m'acheter des fraises et un chien - un labrador - , et je les enverrai tous se faire enculer chez les grecs.)

Built to Spill BBE (best band ever!)

Comment peut on se permettre d'écrire des paroles avec autant de génie. Et de composer des morceaux fous comme ça, des guitares sauvages tu sais, et belles en plus.
[*]
Je dois vraiment avoir rien de mieux à foutre que de venir le dire ici. Trois types vont lire ça.

Waouw.


C'est le début de la gloire!



[*] imaginez une longue et belle chronique pleine de références et d'anecdotes et de métaphores, un truc long et poignant qui vous donnerait envie d'écouter le groupe et d'être d'accord avec moi.

12.9.10

La chanson triste de quelqu’un d’autre

La guitare qu’il caressait ne payait pas de mine. Mais mon dieu, ce salopard pouvait me tirer les larmes quand il voulait.
J’avais des forêts et des lacs glacés dans la tête. J’avais des sanglots invisibles dans la voix.
Le rhume et le coca cola n’y étaient pour rien je le jure.
Je l’ai gardé longtemps dans le souvenir de mes oreilles, je l’ai transporté en moi lorsque je t’ai embrassée avec sincérité. Et encore lorsque j’ai traversé ce pays désolé. Les arbres brûlés, et le reste.
La lumière défile sous les fougères pour ceux qui savent se baisser.
Sa musique résonnait comme la sueur de deux êtres dans une voiture à l’arrêt.
Comme une nuit passée à tremper son jean dans l’herbe fraîche.
Elle sonnait comme la perte prévisible d’un être cher.
Lui
je crois qu’il en mourra.
Lorsque l’on joue, noir et gris, sur le terrain des anges on finit par devenir l’un d’eux.
Avec une aile en moins peut être.

Control Freak

Je fumais à la fenêtre et jai pensé que Dieu ne reviendrait que pour un russe ou pour un type qui priera pour la première fois de sa vie juste parce qu'il n'a rien d'autre à faire, vraiment vraiment rien d'autre. Parce que ce sera son dernier espoir, ou bien par dépit, par cynisme, il priera et s'ils ne parviennent pas à l'enfermer parce qu'il est fou alors on aura droit à un nouveau calendrier.
En même temps, j'ai vraiment trop la flemme d'écrire cette histoire.

re : alors c'est parti?! (deuxième lettre à johnny)

je suis revenu. comme je l'avais pensé, c'était décevant. j'ai fais le tour et j'ai pu observer de jeunes filles, la seule part bien du truc, il y avait beaucoup de lycéens je crois. j'ai réalisé que j'avais perdu ma carte bleue donc je n'ai pas pu acheter de bières. maintenant que je bois moins, que j'essaye de tout remettre en place, des moments comme ce soir sont terribles à passer. j'ai fumé en espérant que la marche associée à la douce plénitude du cannabis ferait disparaître cette explosion dans le ventre, ce trou noir à la poitrine, ce truc permanent qui m'empêche de déglutir quand quelque chose me terrorise. ça a un peu marché, mais le pétard tarde à délivrer l'effet escompté. c'est ridicule, mais je me sens bien mieux maintenant que j'ai découvert ça. ça apaise, ça me coûte moins cher que le vin, et ça me permet d'avoir l'impression d'agir un peu moins pour rien. les couleurs tout autour de moi, celles qui aident à écrire (l'écriture n'est qu'une description d'une peinture fugitive que tu as su saisir à un moment donné. un détail du réel que tu élèves comme vrai), ont perdu de leur vivacité, et cela me trouble un peu. je suis bien rentré, après cette escapade ignoble dans le centre ville. je peux enfin écouter un peu de musique. là c'est woven hand, la chanson c'est dirty blue, et ça casse des briques. elle fait partie de ces qui te font frissoner et qui en appellent à tes souvenirs ou à tes visions, à tes souhaits parfois. et ces chansons comme des murmures te rappellent et te montrent plein de choses, tu comprends un peu mieux, et tu la relance une nouvelle fois. "What they say is true, it is a dirty blue, this colour around you". c'est à ça que je pensais tout à l'heure, la couleur autour de moi. ce n'est pas tellement le sujet de la chanson, mais je ne peux m'empêcher de relier le monde entrevu dans un morceau et celui qui est le mien.

c'est ok je pense qu'on peut inaugurer le blog, j'espère qu'il y aura quelques types pour venir nous trouver. cela fait trois jours que je suis supposé écrire un superbe texte pour montrer qu'on sera des gens biens avec des choses chouettes à dire, mais je suis toujours paresseux, et relativement non-inspiré. nos interventions seront épisodiques, aléatoires. sur le chemin du retour à la maison, je chantonnais et me voyais signer une pochette de disque avec un sourire affreux entre les dents, genre rock-star habituée à faire hurler les kids. je me suis dis qu'il fallait de toute façon poster quelque chose à minuit, alors autant poster ça, cette divagation, on verra bien. si tu es connecté, tu peux rajouter ce que tu m'as fais lire cet après-midi, sinon, trinques à ma santé.

une fois arrivé, j'ignorais totalement quoi faire, si ce n'est écouter de la musique. mais j'ai ouvert ma boîte mail, j'avais envie de t'écrire. je suis content de pouvoir apprendre à te connaître. procrastinateur et incorrigible flemmard devant l'impossible, je vais me contenter de copier coller ce mail, ça suffira bien pour une intro. bim! je facsimile la paresse avec les grands moyens, monsieur.

*
[Ecouter Woven Hand - Dirty Blue]

(V.J)